Emmanuelle Gril – Revue Gestion HEC Montréal

23 novembre 2021 à 9h00 – Mis à jour 30 novembre 2021 à 13h29
4 minutes de lecture

Le leadership a habituellement une connotation positive. Pourtant, il peut aussi s’avérer destructeur, avec toutes les conséquences néfastes que cela implique, tant pour les employés que pour l’organisation.


De l’avis de Luc Brunet, professeur associé au Département de psychologie de l’Université de Montréal, les milliers d’articles consacrés au leadership démontrent que les recherches entourant ce sujet s’apparentent à une véritable quête du Saint-Graal ou de la pierre philosophale. «Les théories dans ce domaine abondent et on peut se demander si, au bout du compte, tous les styles de leadership ne se valent pas, variant au gré des besoins des subordonnés et du type d’organisation», analyse-t-il.

En fonction des circonstances, on pourrait ainsi passer d’un rôle à l’autre. «Par exemple, en cas d’urgence, on a besoin de décisions rapides et de directives précises. Un leadership structurant sera plus approprié qu’une approche basée sur la collaboration. Un leader devrait donc faire preuve de polyvalence, être capable de s’adapter aux situations et aux individus», indique le professeur. Pour sa part, il s’intéresse au leadership destructeur, à contre-courant de la tendance visant à démystifier ce qui constitue le «leadership idéal».

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Plusieurs types de leaders destructeurs

Loin d’être anecdotique, le leadership destructeur serait à l’origine d’une augmentation des coûts de santé et d’une baisse de productivité avoisinant 23,8 G$ chaque année aux États-Unis, et entre 15 et 17 % des organisations seraient touchées par ce type de leadership. Cela a bien évidemment des retombées dévastatrices sur le rendement au travail, la mobilisation, le bien-être psychologique, en plus d’en inciter plusieurs à quitter leur unité, leur organisation ou même leur profession.

Concrètement, le leadership destructeur prend la forme de comportements du gestionnaire visant à porter préjudice, à faire du mal, à nuire et à affecter émotionnellement les cadres hiérarchiques ou les employés. On en dénombre six variantes, selon les stratégies utilisées.

Luc Brunet, professeur associé au Département de psychologie de l’Université de Montréal

Ainsi, le leadership tyrannique repose sur le favoritisme, le désir d’obtenir des gains personnels et le plaisir de diminuer ses subordonnés. Le leadership narcissique se caractérise par l’arrogance, la recherche du pouvoir, de la domination et de l’admiration. Le leadership machiavélique se fonde sur la manipulation et vise le contrôle interpersonnel.

Le leadership toxique, quant à lui, est caractérisé par l’abus de pouvoir et le contrôle excessif afin de satisfaire des besoins personnels. Ce type de leader peut également transgresser les règles à des fins personnelles.

Pour sa part, le leader psychopathe éprouve des difficultés à travailler en équipe et à partager ses idées. Il est aussi incapable d’accepter la critique, et se montre imprévisible, impulsif et manipulateur. Il est également agressif et n’éprouve aucune empathie. Alors qu’on compte seulement 1% de psychopathes dans la population en général, en entreprise, 4% des gestionnaires seraient de type psychopathe en moyenne», indique Luc Brunet.

Enfin, le leadership laisser-faire est le comportement de l’individu en position d’autorité qui a abdiqué ses responsabilités et ses devoirs, et ne donne aucune indication ou instruction à ses subordonnés.

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Sur le terrain, ce sombre palmarès engendre une cascade de conséquences indésirables. «Le leadership destructeur est susceptible d’engendrer, notamment chez les employés, des comportements de violence, de l’épuisement émotionnel, de l’anxiété, de l’irritabilité, une faible estime de soi, de la dépression, un faible engagement, une performance médiocre, un mauvais climat organisationnel, etc.», détaille Luc Brunet.

Comment les organisations peuvent-elles détecter ce type de comportements nuisibles et se prémunir contre leurs effets délétères?

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